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Spotify Lossless vs Spotify régulier : une différence qui s'entend?

Depuis plus d’une décennie, Spotify est devenu le réflexe naturel de millions de personnes pour écouter de la musique. Pour un très grand nombre d’utilisateurs, ce service représente la porte d’entrée principale vers les albums, les artistes, les playlists et les découvertes quotidiennes. Pourtant, pendant toutes ces années, une critique revenait sans cesse chez les mélomanes et les audiophiles : la qualité sonore restait limitée par une compression avec pertes. Autrement dit, pratique, souple, mais pas vraiment au niveau d’une chaîne hi-fi sérieuse.

En 2025, ce reproche perd une bonne partie de sa force, car Spotify propose enfin un mode d’écoute en qualité Lossless. Le service ne se contente plus de flux compressés, mais offre la possibilité de recevoir des fichiers audios sans perte, encodés en FLAC, avec une résolution pouvant aller jusqu’à 24 bits et une fréquence d’échantillonnage équivalente à celle du CD ou d’un master de studio standard. Pour l’abonné, cela ne change rien à la façon d’utiliser l’application au quotidien, mais cela transforme en profondeur la qualité du signal qui circule dans la chaîne audio.

Il existe désormais, en pratique, deux expériences d’écoute distinctes dans l’univers de Spotify. D’un côté, l’univers régulier, avec des flux compressés en Ogg Vorbis ou AAC, pensés pour fonctionner partout, même sur des réseaux moyens et avec des appareils simples. De l’autre, Spotify Lossless, qui s’adresse à ceux qui souhaitent tirer réellement profit de leur installation hi-fi, qu’il s’agisse d’un système de salon, d’un casque haute-fidélité relié à un bon DAC, ou d’un ensemble plus ambitieux composé de lecteurs réseau, de convertisseurs externes et d’enceintes de haut niveau.

L’objectif de cet article est de comparer ces deux expériences, non pas de manière abstraite, mais du point de vue très concret d’un passionné de son. Comment sonne Spotify régulier sur une bonne installation, comment évolue la restitution lorsque l’on passe au Lossless, quels sont les maillons qui font la différence, dans quelles conditions l’écart s’entend clairement, et dans quels cas il reste plus subtil? C’est ce parcours, à la fois technique et très sensoriel, que l’on va détailler pas à pas.

Spotify régulier : les forces et les limites d’une qualité « suffisante »

Ce que l’on reçoit vraiment en qualité standard

Lorsqu’une personne utilise Spotify Premium dans son mode régulier, elle reçoit un flux audio compressé avec pertes. Sur les applications installées, la plateforme utilise un codec comme l’Ogg Vorbis à un débit pouvant atteindre 320 kb/s pour les réglages de qualité « élevée ». Sur le lecteur web, la base est plutôt l’AAC à un débit légèrement différent, mais l’idée reste la même.

Cette compression supprime une partie de l’information contenue dans le fichier d’origine. Le codec s’appuie sur des modèles psychoacoustiques pour décider quelles données sont théoriquement moins audibles et peuvent être sacrifiées. C’est ce qui permet de réduire la taille des fichiers et de faciliter le streaming, même sur des connexions moyennes ou instables. L’objectif est de rester le plus transparent possible, tout en limitant la consommation de données et les risques de coupure.

Dans la réalité, et surtout dans un environnement bruyant ou avec un équipement modeste, ce pari fonctionne assez bien. Sur une petite enceinte Bluetooth, sur des écouteurs d’entrée de gamme ou dans une voiture, la différence par rapport à une source sans perte est difficile à percevoir, surtout si l’on ne compare pas directement. La bande passante est suffisamment large pour couvrir le spectre audible, la dynamique globale est correcte et la sensation générale reste musicale.

Signature sonore du Spotify régulier sur une chaîne hi-fi

Les choses deviennent plus nuancées lorsqu’on branche Spotify régulier sur un système hi-fi de qualité. Dès que l’on dispose d’un bon amplificateur, d’enceintes sérieuses ou d’un casque audiophile, et surtout d’un environnement d’écoute relativement calme, les limites de la compression se montrent plus clairement.

La première impression, en venant d’une source sans perte, est celle d’une scène sonore un peu plus resserrée. Les instruments semblent davantage contenus entre les enceintes, la profondeur de champ diminue et il devient plus difficile de distinguer les plans sonores subtils, par exemple les chœurs légèrement en retrait, les petites percussions au fond du mix ou les réverbérations naturelles de la salle.

La seconde impression concerne la micro-dynamique. Les petits écarts d’intensité à l’intérieur d’une phrase musicale, les inflexions de voix très fines et les variations de toucher d’un pianiste sont parfois légèrement lissés. La musique reste agréable, mais il manque ce frisson de nuance qui donne l’impression d’une présence réelle des interprètes dans la pièce.

Enfin, sur certains enregistrements riches en harmoniques, les cymbales, les violons, certains synthétiseurs ou les sibilances des voix peuvent générer une sensation de grain ou de brillance un peu artificielle, en particulier lorsque l’on monte le volume. Ce n’est pas systématique, et cela varie d’un album à l’autre, mais une oreille habituée à l’écoute attentive le percevra assez rapidement.

Il serait toutefois injuste de qualifier Spotify régulier de « mauvaise qualité ». Pour une immense majorité d’usages, cette qualité est largement suffisant. Cependant, lorsqu’un système hi-fi commence à devenir vraiment transparent, ce format devient l’élément le plus fragile de la chaîne.

Spotify Lossless : un flux qui laisse enfin respirer la musique

Le passage au FLAC et au 24 bits

Avec Spotify Lossless, la logique change profondément. Au lieu d’un flux compressé avec pertes, le service envoie désormais un fichier audio encodé en FLAC, un format de compression sans perte. La différence fondamentale est que, une fois décodé, le fichier redevient strictement identique à la source fournie par le label ou le studio. Aucune information n’est supprimée.

Spotify propose ce flux sans perte avec une profondeur de 24 bits et une fréquence d’échantillonnage équivalente à celle des masters courants. Cette combinaison permet de reproduire une plage dynamique très confortable et un spectre fréquentiel qui couvre largement les besoins d’une oreille humaine.

La conséquence la plus importante est qu’il n’y a plus de « pari » psychoacoustique sur ce qui est audible ou non. Le moindre détail, le moindre souffle de salle, la moindre réverbération naturelle ou artificielle, chaque nuance du mixage se retrouve intégralement dans le flux envoyé au lecteur.

Ce que cela change à l’écoute sur une chaîne hi-fi

Lorsqu’un système hi-fi sérieux reçoit un flux Lossless correct, on ressent immédiatement une modification du confort d’écoute. La scène sonore se détend, comme si on avait légèrement reculé les murs de la pièce. Les instruments retrouvent une place plus distincte, les voix se détachent avec davantage de naturel, et l’on perçoit un meilleur sentiment de profondeur.

Prenons l’exemple d’un trio jazz enregistré dans une bonne salle. En version compressée, la batterie, le piano et la contrebasse semblent parfois se superposer un peu dans le médium. La contrebasse peut perdre de sa lisibilité dans le bas, tandis que le piano se fait légèrement plus rugueux dans l’aigu. En mode Lossless, on entend mieux la résonance de la caisse de la contrebasse, la séparation entre les notes du piano, le contour des cymbales et la manière dont la salle réagit à chaque coup de baguette.

Sur des œuvres orchestrales, ce phénomène est encore plus spectaculaire. La masse de cordes, les bois, les cuivres et les percussions occupent des zones de l’espace sonore plus clairement définies. Les crescendos conservent un impact plus net, car la micro-dynamique n’est plus écrasée par les approximations de la compression.

Dans les musiques électroniques produites avec soin, la précision du grave bénéficie fortement du Lossless. Les lignes de basse sont plus fermes, les sub-bass se distinguent mieux des couches supérieures, et l’on ressent une impression de contrôle qui renforce la dimension physique de la musique sans tomber dans la bouillie sonore.

La disparition des artefacts et la fatigue auditive

Un autre effet important du passage au Lossless concerne la fatigue auditive. Sur une écoute prolongée à volume réaliste, surtout sur des systèmes transparents, la compression avec pertes peut créer une sorte de tension discrète. Un excès de brillance, un côté légèrement granuleux dans l’aigu, une instabilité subtile dans les transitoires finissent par épuiser l’attention.

Avec un flux FLAC bien décodé, ces petits défauts disparaissent. Les timbres se montrent plus continus, moins cassés en micro-fragments. On perçoit moins d’effort de la part de l’oreille pour reconstituer mentalement les nuances manquantes. Le cerveau se détend et accepte plus volontiers une écoute longue, quitte à monter légèrement le volume sans que l’expérience devienne agressive.

Le Spotify Lossless ne crée pas la magie à lui seul, mais il retire un obstacle important à la musicalité globale. Il permet à la chaîne hi-fi de s’exprimer pleinement, au lieu de la limiter par un goulot d’étranglement numérique.

Normalisation de volume et dynamique : un enjeu qui dépasse le codec

Que l’on écoute Spotify en mode régulier ou en mode Lossless, une dimension technique reste commune aux deux univers : la normalisation du volume. Spotify propose différentes options pour maintenir un niveau sonore relativement constant d’un morceau à l’autre. L’idée est d’éviter les variations de niveau trop importantes qui obligeraient à jouer sans cesse avec le volume.

Cette normalisation peut toutefois avoir un impact sur la dynamique perçue. Lorsque les morceaux sont ramenés vers un niveau cible, les enregistrements particulièrement dynamiques peuvent perdre une partie de leur contraste, alors que ceux qui sont déjà très compressés en studio peuvent rester presque inchangés. À l’écoute, cela peut donner l’impression que tout se situe dans une même zone de volume, avec un peu moins de respiration entre les passages calmes et les passages forts.

Sur un système hi-fi où l’on cherche à profiter pleinement du relief des enregistrements, il est parfois intéressant de réduire l’influence de cette normalisation, voire de la désactiver lorsque c’est possible. Le fichier Lossless, dans ce cas, exprime davantage son potentiel, et l’on perçoit mieux la différence entre un enregistrement soigneusement élaboré et un mixage plus « écrasé ».

La normalisation reste toutefois un outil pratique dans un usage plus quotidien, en particulier pour des playlists variées, des écoutes d’ambiance ou des contextes sociaux. Le choix de l’activer ou non devient une question de contexte autant que de préférence sonore.

Conditions d’écoute : quand le Lossless s’exprime réellement

Système de salon avec lecteur réseau ou ampli connecté

La configuration la plus favorable à Spotify Lossless est une chaîne hi-fi de salon bien pensée, reposant sur un lecteur réseau ou un amplificateur connecté compatible avec la plateforme. Dans ce cas, l’appareil se connecte directement aux serveurs Spotify et reçoit le flux FLAC sans passer par une liaison Bluetooth. Le téléphone, la tablette ou l’ordinateur ne servent alors plus que de télécommande.

Dans un tel scénario, la musique est décodée par le lecteur ou par le DAC intégré de l’amplificateur. Les circuits d’horloge, les alimentations et les étages de conversion travaillent dans un environnement maîtrisé. Le flux numérique ne subit pas de recompression intermédiaire et arrive dans les meilleures conditions possibles aux étages analogiques.

Le résultat, à l’écoute, est souvent très parlant. La transparence augmente, la scène sonore s’élargit, le grave gagne en articulation et les timbres se débarrassent de la fine pellicule de dureté qui pouvait être présente avec le flux compressé. La différence n’est pas toujours « spectaculaire » au sens des démos exagérées, mais elle s’installe peu à peu comme une évidence. Lorsque l’on revient en arrière vers la qualité standard, on ressent comme une légère contraction du message.

Ordinateur, DAC USB et configuration de bureau

Une autre façon de profiter au mieux de Spotify Lossless consiste à utiliser un ordinateur installé près du système hi-fi ou d’un casque haut de gamme. L’application Spotify envoie alors le flux Lossless vers un DAC USB externe, qui se charge de la conversion vers l’analogique.

Dans cette configuration, le DAC devient réellement le cœur de la restitution. Sa capacité à traiter correctement le 24 bits, son architecture interne, son horloge, la qualité de ses étages de sortie et même son alimentation ont un impact direct sur le rendu. Le flux Lossless offre suffisamment de finesse pour que chaque amélioration du DAC, de l’amplificateur ou du casque se traduise par un bénéfice audible.

C’est un excellent terrain de jeu pour l’audiophile qui aime expérimenter, comparer différents DAC, tester des amplificateurs de casque et ajuster progressivement chaque maillon. Spotify Lossless devient alors une sorte de bibliothèque universelle de musique, à la fois pratique et suffisamment qualitative pour mettre en valeur la personnalité de chaque composant.

Casques hi-fi filaires et écoute nocturne

Pour les passionnés qui vivent en condo ou en maison mitoyenne, le casque filaire de haute qualité reste une solution de choix. Combiné à un bon DAC et à un amplificateur de casque, il permet de profiter de Spotify Lossless à un niveau de détail très élevé, même à faible volume, et sans déranger le voisinage.

L’écoute au casque infiltre les moindres recoins du flux Lossless. On entend la texture du souffle de la salle, le grain d’une voix légèrement rauque, le mouvement des musiciens dans l’espace, les frottements d’archet, les petits bruits de pédale d’un piano ou de banc d’orgue. Tout ce que le master contient se retrouve directement à quelques centimètres des tympans.

Avec Spotify régulier, une partie de ces informations existe encore, mais certains micro-détails sont atténués, d’autres se trouvent légèrement déformés par la compression. En mode Lossless, la continuité des timbres se renforce, ce qui donne une sensation de naturel et d’intimité plus forte. Pour des écoutes de nuit, où l’on prend le temps de vraiment entrer dans un album, la différence reste souvent suffisante pour justifier le passage à la qualité sans perte.

Bluetooth et écoute nomade : les limites physiques

La situation est très différente lorsque l’écoute repose presque exclusivement sur des casques ou des écouteurs Bluetooth. Même si le flux Lossless part des serveurs de Spotify vers le téléphone, ce dernier doit ensuite le convertir en codec Bluetooth compressé pour le transmettre sans fil. Le débit disponible est limité, ce qui impose à nouveau une forme de compression avec pertes, même si elle est parfois de meilleure qualité que celle des anciennes générations.

Dans les environnements bruyants, métro, bus, rues animées, l’attention est de toute façon fragmentée. Les bruits de fond masquent de nombreux détails et rendent plus difficile la perception des nuances les plus subtiles. Dans ces conditions, la différence entre Spotify régulier et Spotify Lossless devient beaucoup plus discrète, voire presque imperceptible pour une oreille non entraînée.

Cela ne signifie pas qu’il n’y a aucun avantage à laisser le Lossless activé. Partir d’un flux plus propre peut contribuer à maintenir un signal plus stable avant la conversion Bluetooth. Toutefois, l’élément déterminant pour la qualité de l’écoute nomade reste le casque lui-même, son isolation, l’ajustement des embouts, le confort et la façon dont il gère la réduction de bruit active.

Spotify régulier face à Spotify Lossless : un duel ou une complémentarité?

Il serait tentant d’opposer frontalement les deux modes d’écoute en déclarant que l’un est « dépassé » et que l’autre est désormais la seule option valable. En réalité, l’analyse est plus nuancée.

Spotify régulier garde un intérêt réel dans plusieurs situations. Sa consommation de données est plus faible, ce qui reste important pour les forfaits mobiles limités. Il tolère mieux les réseaux instables ou moyens. Il est parfaitement suffisant pour une écoute en voiture, pour une bande sonore en arrière-plan au travail, ou pour une écoute rapide de découverte d’un album.

Spotify Lossless, de son côté, apporte un gain réel de musicalité, de finesse, de confort d’écoute et de naturel dès que l’on se trouve dans un contexte favorable : bon système hi-fi, casque de qualité, environnement calme et attention réelle portée à la musique. Sur un système qui a déjà coûté du temps et de l’argent, ne pas profiter de ce mode reviendrait à brider volontairement son potentiel.

On peut donc voir ces deux modes comme deux niveaux complémentaires d’une même échelle. L’utilisateur peut très bien privilégier la qualité standard sur son téléphone en mobilité et basculer en Lossless à la maison, sur son système principal. La force de Spotify est justement de permettre cette flexibilité d’un appareil à l’autre, sans obliger à changer d’écosystème.

Questions sur Spotify hifi

Spotify Lossless apporte-t-il une différence audible pour tout le monde?

La différence n’est pas perçue de la même façon par chaque auditeur. Sur un système modeste, dans une pièce bruyante, ou avec des écouteurs simples, l’écart entre la qualité standard et le Lossless reste relativement discret. En revanche, sur une chaîne hi-fi bien construite ou un bon casque filaire alimenté par un DAC sérieux, l’effet devient rapidement perceptible.

Les personnes habituées à l’écoute attentive, qui ont déjà l’habitude de comparer des sources ou des masters différents, remarquent généralement une scène sonore plus stable, des timbres plus naturels et un grave mieux tenu en mode Lossless. Pour d’autres, la prise de conscience peut être plus progressive. Souvent, c’est en revenant à la qualité standard après quelques jours de Lossless que l’on réalise que quelque chose s’est contracté ou simplifié.

Faut-il investir dans un nouvel équipement pour profiter de Spotify Lossless?

Il n’est pas absolument nécessaire de changer d’équipement du jour au lendemain, mais le passage à Spotify Lossless met davantage en lumière les qualités et les limites de la chaîne hi-fi. Un simple ordinateur relié à un bon DAC USB, un amplificateur déjà en place et des enceintes ou un casque de qualité permettent déjà d’apprécier les bénéfices du sans perte.

Dans un premier temps, il est souvent plus pertinent d’optimiser l’existant que de tout remplacer. On peut soigner le placement des enceintes, la configuration du DAC, les réglages de volume et éventuellement l’acoustique de la pièce. Ensuite seulement, si l’envie se fait sentir, on peut envisager un lecteur réseau plus élaboré, un meilleur amplificateur de casque ou des enceintes plus transparentes. Spotify Lossless suivra cette montée en gamme sans imposer de contraintes particulières.

La différence est-elle importante si l’on écoute surtout des playlists ou de la musique de fond?

Lorsque la musique sert essentiellement de décor sonore pour travailler, cuisiner ou faire le ménage, l’intérêt du Lossless est moins évident. L’attention est partagée, le volume est souvent modéré, et l’objectif principal est l’ambiance plutôt que la précision extrême des timbres.

Dans ce contexte, Spotify régulier reste très pertinent. La fluidité, la réactivité de l’application, la richesse des suggestions et des playlists comptent davantage que la dernière nuance de réverbération. Il peut toutefois être agréable, lors de moments de détente plus concentrés, de basculer en Lossless pour profiter d’un album préféré ou d’une nouvelle découverte dans toute sa richesse.

Le Bluetooth annule-t-il complètement l’intérêt du Spotify Lossless?

Le Bluetooth impose une nouvelle compression, même lorsque le flux de départ est Lossless. C’est une réalité technique difficile à contourner pour l’instant. Cependant, dire que le Bluetooth annule complètement l’intérêt du Lossless serait exagéré.

Dans certains cas, disposer d’un flux plus propre à l’origine permet de limiter les dégradations cumulatives. Un bon casque Bluetooth moderne, avec un codec soigné et une électronique sérieuse, reste capable de profiter d’une partie du bénéfice d’un signal d’entrée plus qualitatif. Cela dit, l’écart entre régulier et Lossless sera moins spectaculaire qu’avec une liaison filaire vers un DAC hi-fi.

Pour les écoutes réellement critiques, l’idéal reste de privilégier les connexions filaires. Le Bluetooth conserve malgré tout un rôle essentiel pour sa praticité, sa mobilité et son confort d’usage, notamment dans les transports et à l’extérieur.

Spotify Lossless peut-il remplacer complètement les fichiers locaux ou les autres services HiRes?

Pour une partie des auditeurs, la réponse sera oui. Pour d’autres, non. Tout dépend des attentes et de la manière d’écouter la musique.

Spotify Lossless offre une qualité suffisante pour satisfaire pleinement une grande majorité de mélomanes, avec l’avantage d’un catalogue immense, d’une interface familière et de fonctions de découverte très efficaces. Pour qui souhaite simplifier sa vie numérique, il peut devenir la source principale, voire unique, de musique dématérialisée.

Les audiophiles qui possèdent déjà une collection de fichiers locaux en très haute résolution ou qui accordent une importance particulière à certains masters spécifiques continueront toutefois d’apprécier l’intérêt de leurs bibliothèques personnelles ou d’autres services. Spotify Lossless devient alors un complément extrêmement confortable, utilisé pour explorer, découvrir, écouter au quotidien et préparer les futures acquisitions plus ciblées.

lexique spotify hifi

Lossless

Le terme Lossless désigne une méthode de compression qui réduit la taille des fichiers audio sans supprimer la moindre information musicale. Contrairement aux codecs avec pertes, qui simplifient le signal en supprimant ce que l’on estime théoriquement moins audible, un codec Lossless permet de reconstruire exactement le fichier original après décompression.

Son impact sur le son est directement lié à cette absence de perte. Lorsque l’on écoute un flux Lossless comme celui proposé par Spotify, on profite de tous les détails présents dans le master, des micro-inflexions de la voix jusqu’aux queues de réverbération les plus discrètes. La scène sonore gagne en précision, les timbres semblent plus cohérents et la musique supporte mieux l’écoute prolongée à volume réaliste.

Pour tirer le meilleur parti du Lossless, il est recommandé de l’associer à une chaîne hi-fi qui ne devient pas elle-même un goulot d’étranglement. Un bon DAC, une amplification propre, des enceintes ou un casque capable de restituer les nuances fines et un environnement d’écoute relativement calme permettent de percevoir plus clairement la différence avec une compression standard.

FLAC

FLAC est l’acronyme de Free Lossless Audio Codec. Il s’agit d’un format de compression audio sans perte largement utilisé dans le monde de la hi-fi et du téléchargement légal de musique. Spotify l’utilise pour transporter ses nouveaux flux Lossless. Le principe consiste à repérer les redondances dans le signal pour réduire la taille du fichier, tout en conservant la possibilité de retrouver bit à bit la forme originale.

Sur le plan de l’impact sonore, un fichier FLAC correctement encodé ne colore pas la musique. Il n’ajoute ni dureté, ni brillance, ni flou particulier. Toute variation de rendu vient alors de la qualité du master, de l’architecture du convertisseur numérique-analogique et des maillons qui suivent dans la chaîne. La compression en FLAC permet d’acheminer des flux haute qualité sur des réseaux domestiques sans saturer complètement la bande passante.

En termes de bonnes pratiques, l’utilisateur doit s’assurer que ses appareils décompressent le FLAC dans de bonnes conditions. Un lecteur réseau ou un amplificateur connecté mis à jour régulièrement, un ordinateur bien configuré ou une application Spotify à jour sont les meilleurs alliés pour profiter pleinement de ce format.

Profondeur de bits

La profondeur de bits représente le nombre de niveaux possibles pour coder l’amplitude d’un signal audio à chaque instant. Un signal codé sur 16 bits, comme celui d’un CD, dispose de plus de soixante-cinq mille niveaux possibles. Un signal codé sur 24 bits en possède plus de seize millions. En pratique, cela se traduit par une plage dynamique théorique plus large et par une meilleure capacité à gérer les signaux très faibles sans les noyer dans le bruit de fond numérique.

L’impact sur la musique se ressent surtout dans la manière dont les écarts de niveau sont gérés. Les passages très doux peuvent être reproduits avec un meilleur relief, sans se perdre dans un voile de bruit. Les transitions entre murmure et explosion orchestrale gagnent en fluidité. Les micro-variations de volume à l’intérieur d’une phrase musicale deviennent plus lisibles.

Pour exploiter cette profondeur de bits, il est utile de veiller à ce que la chaîne hi-fi ne rajoute pas de bruit inutile. Une alimentation électrique stable, des liaisons propres, une amplification silencieuse et des enceintes bien contrôlées permettent à la pleine dynamique de s’exprimer. De même, l’usage d’un volume numérique trop réduit peut diminuer artificiellement la résolution effective, ce qui justifie de trouver un bon équilibre entre réglage logiciel et réglage analogique.

Fréquence d’échantillonnage

La fréquence d’échantillonnage indique combien de fois par seconde on mesure le signal analogique pour le convertir en numérique. Une fréquence de 44,1 kHz signifie que le système prend quarante-quatre mille cent échantillons chaque seconde. Selon le principe de Nyquist, cela permet de reproduire correctement toutes les fréquences audibles jusqu’à un peu plus de vingt kilohertz.

À l’écoute, la fréquence d’échantillonnage influe sur la façon dont le convertisseur numérique-analogique reconstruit le signal continu. Une fréquence correctement gérée permet de garder un aigu fluide, sans dureté artificielle ni atténuation excessive. Même si des fréquences plus élevées existent dans certains formats haute résolution, une fréquence standard bien implémentée suffit largement à fournir une expérience très naturelle, à condition que le reste de la chaîne soit cohérent.

Les bonnes pratiques consistent à veiller à ce que le système ne multiplie pas les conversions approximatives de fréquence. Il est souhaitable que l’application, le système d’exploitation et le DAC fonctionnent autant que possible avec des paramètres harmonisés. Un chemin audio le plus transparent possible réduit les risques de distorsions liées à des traitements numériques superflus.

Spotify Connect

Spotify Connect est un protocole qui permet à des appareils compatibles, comme les lecteurs réseau, les amplificateurs connectés ou certaines enceintes, de se connecter directement aux serveurs de Spotify. Au lieu d’envoyer un flux audio depuis le téléphone vers l’appareil, c’est ce dernier qui récupère la musique par le réseau domestique, tandis que le smartphone joue uniquement le rôle de télécommande.

Cet agencement a un impact direct sur la qualité sonore. Le flux ne transite pas par une liaison Bluetooth sujette à une nouvelle compression. La musique arrive au lecteur dans un format plus pur, par exemple en FLAC Lossless, et est ensuite décodée par le convertisseur interne dans des conditions bien plus stables. La réduction des intermédiaires limite les risques de dégradation et garantit une meilleure continuité du signal.

En pratique, il est judicieux de privilégier Spotify Connect dès qu’un appareil le permet. Une simple enceinte de salon, un ampli moderne ou un lecteur réseau peuvent ainsi devenir des centres névralgiques de l’écoute, recevant le flux dans la meilleure qualité disponible. Il est aussi pertinent de vérifier de temps en temps les mises à jour des appareils afin de bénéficier des dernières améliorations de compatibilité avec Spotify Lossless.

DAC (convertisseur numérique-analogique)

Le DAC est le maillon chargé de transformer le flux numérique – qu’il s’agisse d’un Ogg 320 kb/s ou d’un FLAC 24 bits – en signal analogique exploitable par l’amplificateur et les enceintes ou le casque. Sa conception influe directement sur la transparence, la scène sonore, la finesse des timbres et le ressenti global de la musique.

Avec Spotify Lossless, le DAC devient encore plus central, car il reçoit un signal qui n’est plus limité par la compression avec pertes. L’impact se manifeste par une meilleure capacité à suivre les micro-détails, une image stéréo plus stable et une réduction des duretés artificielles lorsque le DAC est correctement alimenté et bien isolé des perturbations.

En bonnes pratiques, il est conseillé de relier le DAC à la source numérique par une liaison stable (USB, coaxial, optique selon les cas), de soigner l’alimentation électrique et d’éviter les volumes numériques trop bas qui réduisent la résolution effective. Un réglage cohérent entre le volume logiciel et le volume analogique permet de profiter pleinement des 24 bits fournis par Spotify Lossless.

Normalisation du volume (loudness)

La normalisation du volume consiste à analyser le niveau perçu des morceaux et à ajuster leur niveau de lecture pour les aligner autour d’une cible commune. Spotify utilise ce principe pour éviter les écarts de volume trop importants d’un titre à l’autre, surtout dans les playlists ou les radios mixtes.

L’impact sonore de cette fonction est ambivalent. D’un côté, elle offre un confort d’utilisation appréciable au quotidien. De l’autre, elle peut réduire la dynamique effective de certains enregistrements, surtout lorsque le mode choisi est très conservateur. À l’écoute, on peut percevoir une légère perte de relief, un aplatissement des contrastes et une certaine uniformisation du rendu.

En bonnes pratiques, il est intéressant d’expérimenter avec la normalisation : la désactiver sur un système hi-fi de salon dédié, ou choisir le mode le plus neutre, peut révéler davantage la dynamique d’un bon enregistrement, particulièrement en mode Lossless. À l’inverse, pour des playlists d’ambiance ou des soirées, laisser la normalisation active reste une solution très pragmatique.

En résumé, le passage de Spotify régulier à Spotify Lossless ne transforme pas une petite enceinte de cuisine en auditorium, mais, sur une chaîne hi-fi ou un bon casque, il apporte un gain réel de naturel, de lisibilité et de confort d’écoute. Dans un monde où la musique est de plus en plus dématérialisée, le fait de pouvoir enfin marier la convivialité de Spotify avec une qualité sonore sans perte constitue une évolution majeure pour tous ceux qui accordent une vraie importance à ce qu’ils entendent.

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Christian Lafleur | Chroniqueur spécialiste Audio/Vidéo

« Passionné de musique et d’haute-fidélité depuis plus de 20 ans, j’ai accompagné de nombreux mélomanes dans le choix de leurs systèmes audio. Avant de me joindre à l’équipe de Laliberté Électronique en juin 2025, j’ai occupé les fonctions de concepteur-rédacteur et chroniqueur en audio/vidéo de 1990 à 2002, puis de conseiller haute-fidélité et directeur des ventes & marketing chez Audiolight de 2002 à 2025. Aujourd’hui, à travers mes blogues, je mets à profit mon expérience et ma passion pour partager mes découvertes, conseiller et inspirer tous ceux qui souhaitent vivre une expérience d’écoute unique. »

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