Lexique détaillé (MM vs MC et écosystème phono)
Aimant mobile (MM)
Technologie où un petit aimant est fixé au bout du cantilever et se déplace entre des bobines fixes. Avantage : niveau de sortie élevé (≈ 3–6 mV), compatibilité simple avec les entrées phono 47 kΩ, pointe souvent remplaçable (coût d’usage réduit). Inconvénient principal : masse mobile plus élevée, ce qui freine les transitoires très rapides et adoucit légèrement l’extrême aigu. Effet sonore attendu : densité du médium, grave corpulent, aigu doux et tolérant.
Bobine mobile (MC)
Ici, de minuscules bobines sont solidaires du cantilever et se déplacent dans le champ d’un aimant fixe. Avantage : masse mobile très faible, transitoires rapides, micro-informations riches, image plus profonde. Contraintes : faible niveau de sortie (≈ 0,2–0,5 mV), besoin d’un gain plus élevé et d’une charge résistive adaptée (ou d’un transformateur élévateur). Effet sonore attendu : transparence, aération, focalisation précise.
Moving Iron (MI)
Variante « cousine » de la MM : un petit morceau de fer mobile modifie le flux magnétique entre aimants et bobines fixes. Souvent un compromis intéressant : niveau de sortie confortable, sensibilité moindre à la capacité que la MM, très belle micro-dynamique lorsqu’elle est bien mise en œuvre.
Cantilever
Tige porte-pointe (aluminium, bore, béryllium, rubis, diamant). Sa rigidité spécifique et sa masse conditionnent la transmission des vibrations. Plus il est rigide et léger, moins il déforme et retarde le signal mécanique. Conséquences : attaques plus nettes, timbres plus justes, haut du spectre plus propre. L’aluminium sonne souvent doux et aimable ; bore/béryllium/diamant apportent vitesse et précision (mais exigent un réglage plus fin).
Profil de pointe (diamond stylus profile)
Forme du diamant en contact avec le sillon. Sphérique/conique : tolérant, mais résolution HF limitée, IGD plus marquée. Elliptique : meilleur suivi latéral, aigu plus propre. Line contact / Shibata / MicroLine / MicroRidge / Fritz Gyger : grande surface de contact en profondeur du sillon, meilleure récupération d’information, distorsion interne réduite… à condition d’un alignement (azimut, VTA/SRA) très précis.
Compliance (souplesse)
Souplesse de la suspension de la cellule (µm/mN). Haute compliance = suspension plus flexible, adaptée aux bras légers ; basse compliance = suspension ferme, bras plus massifs préférés. Avec la masse effective du bras, elle fixe la fréquence de résonance bras/cellule (cible ≈ 8–12 Hz). Trop basse : sensibilité aux voilages/ondulations ; trop haute : interférences avec le grave audible.
Masse effective du bras
Masse « dynamique » ressentie par la cellule. Plus elle est élevée, plus elle aime des cellules basse compliance ; plus elle est faible, mieux elle s’accorde avec des cellules haute compliance. Un appariement correct stabilise le suivi, clarifie le grave et réduit le « pompage » visible.
Fréquence de résonance bras/cellule
Fréquence propre du système bras + cellule, idéalement entre 8 et 12 Hz (sous-basses hors bande audio, au-dessus des perturbations mécaniques du plateau). Un réglage qui tombe hors de cette fenêtre augmente distorsion, pleurage très bas, remontée de bruit mécanique et instabilité de scène.
VTF (Vertical Tracking Force) / Force d’appui
Force exercée par la pointe sur le sillon (en grammes). Trop faible : mistracking, sifflantes, distorsion et usure accrue ; trop forte : écrasement du sillon, perte d’air. Viser le milieu/haut de la plage recommandée stabilise le suivi et l’équilibre tonal. Ajuster par pas de 0,05 g peut transformer le haut du spectre et la tenue du grave.
Antiskating
Force opposée à l’attirance vers l’intérieur du disque. Trop d’antiskate : canal extérieur aminci, cymbales crispées ; pas assez : canal intérieur épaissi, usure asymétrique de la pointe. On l’affine à l’oreille (équilibre des canaux sur passages difficiles) ou via des pistes de test.
VTA / SRA (Vertical Tracking Angle / Stylus Rake Angle)
Géométrie verticale de lecture. Le SRA (angle « d’attaque » du diamant) vers ≈ 92° maximise la lecture des hautes fréquences avec profils line-contact. Trop bas : son mat/fermé ; trop haut : aigu acide et perte de matière. On ajuste finement via la hauteur du bras, en contrôlant cymbales, sibilantes et aération.
Azimut
Verticalité de la pointe vue de face. Un azimut incorrect dégrade la séparation des canaux, recentre mal les voix et floute la scène. Réglage idéal : pointe parfaitement verticale, bobines symétriques par rapport au sillon. À peaufiner à l’oreille et, si possible, par mesure de diaphonie.
Capacitance (capacité) du câble/entrée
Capacité totale vue par la cellule (câble + entrée phono, en pF). Critique en MM (inductance élevée) car elle forme avec l’inductance un circuit résonant dans l’aigu. Capacitance trop forte : pic de présence, brillance artificielle ou, selon amortissement, aigu arrondi. En MC, l’inductance interne très faible rend la capacité beaucoup moins influente ; la charge résistive prime.
Inductance interne
Propriété des bobines (en henrys ou millihenrys). Élevée en MM, très faible en MC. Avec la capacitance, elle fixe la position et l’amplitude d’une résonance électrique (principalement audible en MM). D’où l’importance de rester dans la fenêtre de capacitance recommandée pour une tonalité neutre.
Impédance/Charge d’entrée
Résistance vue par la cellule. MM : 47 kΩ « standard », souvent non réglable. MC : charge résistive réglable (souvent 30–500 Ω) ; trop élevée ⇒ aigu brillant et texture granuleuse ; trop basse ⇒ son étouffé, épaissi. Règle de départ : charge ≈ 10 × l’impédance interne de la cellule, puis affiner à l’oreille.
Transformateur élévateur (SUT, Step-Up Transformer)
Transforme la faible tension d’une MC en tension utilisable par une entrée MM 47 kΩ. Rapport 1:10 ≈ +20 dB ; 1:20 ≈ +26 dB. La charge « réfléchie » côté cellule est 47 kΩ / (rapport²) : par ex. 1:10 ⇒ ≈ 470 Ω, 1:20 ⇒ ≈ 118 Ω. Avantages : bruit extrêmement bas, dynamique organique. Exigence : appariement précis au générateur MC (impédance interne et niveau de sortie).
Niveau de sortie (Output)
Tension délivrée par la cellule à 5 cm/s (mV). MM : 3–6 mV ; MC LO : 0,2–0,5 mV ; MC HO : 1,5–2,5 mV (utilisable sur MM). Le niveau conditionne le gain nécessaire du préampli (≈ 35–40 dB pour MM ; 55–70 dB pour MC LO). Plus le gain requis est élevé, plus la maîtrise du bruit et des boucles de masse devient critique.
Égalisation RIAA
Courbe normalisée : le disque est gravé avec aigu pré-accentué et grave atténué ; le préampli applique l’inverse (aigu atténué, grave réamplifié). Conséquence : le tout-bas (rumble, résonances mécaniques) ressort en lecture si la platine/bras/cellule ne sont pas bien contrôlés. La précision de la RIAA et le headroom du préampli influencent lisibilité des basses et propreté des fortes.
Diaphonie / Séparation des canaux
Mesure (en dB) de l’isolation G/D. Plus elle est élevée (30 dB et + à 1 kHz), plus la scène est stable, profonde et focalisée. Elle dépend de la symétrie mécanique/électrique de la cellule, de l’azimut et du câblage. Une séparation faible se traduit par un centre flou et des placements incertains.
IGD (Inner-Groove Distortion)
Distorsion qui augmente en fin de face (rayon de courbure plus serré). Réduite par un profil de pointe avancé (line-contact), un alignement rigoureux (Baerwald/Loefgren/Stevenson selon bras), un VTF optimisé et des disques propres/peu usés. À l’oreille : sifflantes, dureté sur les dernières minutes.
Mistracking (perte de suivi)
Quand la pointe n’adhère plus parfaitement au sillon lors de passages exigeants. Symptômes : stridences, distorsion sur transitoires, bruit granuleux. Causes typiques : VTF trop faible, compliance/masse mal accordées, antiskate inadapté, disque sale/voilé.
Bruit de fond (Noise Floor)
Niveau de bruit résiduel de la chaîne phono. Déterminant pour la lisibilité des pianissimos et l’aération. Facteurs : blindage des câbles, boucle de masse, éloignement des transformateurs secteur, qualité du préampli (bruit d’entrée), qualité et propreté du disque.
Blindage & Masse (Grounding)
Organisation des masses et blindage électromagnétique. En MC low output, la discipline est cruciale : masse du bras reliée correctement, châssis à la terre si nécessaire, câbles phono de qualité, éviter les boucles (un seul point de référence), éloigner les champs 50/60 Hz (alims, moteurs).
Macro-/Micro-dynamique
La macro-dynamique décrit les grands écarts (impact batterie/orchestre). La micro-dynamique concerne les infimes variations d’intensité à l’intérieur des notes et des ambiances (respirations, frottements). Les MC excellent souvent en micro-dynamique grâce à la faible masse mobile ; de bonnes MM conservent une macro-dynamique engageante et un « swing » très musical.
Image stéréophonique / Scène sonore
Perception de largeur, profondeur et hauteur de la scène. Elle dépend de la séparation des canaux, du bruit de fond, de la précision des transitoires et de la symétrie mécanique (azimut, alignement). Les MC dévoilent souvent plus de profondeur et de micro-réverbérations ; les MM donnent une scène large et enveloppante, parfois moins au « scalpel ».
Charge capacitive (MM) vs charge résistive (MC)
Règle d’or pratique : en MM, surveiller la capacitance totale (câbles + entrée) pour éviter une coloration de l’aigu (pic/creux). En MC, l’élément déterminant est la résistance de charge (ou le rapport de SUT), qui façonne la vivacité de l’aigu, la texture et la sensation d’air.
Préampli phono (gain, RIAA, headroom)
Étage spécialisé qui amplifie et égalise le signal de la cellule. Trois piliers : bruit d’entrée très bas (surtout pour MC), précision RIAA (éviter tonalité faussée) et headroom (ne pas saturer sur crêtes). Un très bon phono peut faire sonner une MM exceptionnelle et laisser une MC révéler son plein potentiel.
Entretien (pointe & disques)
Pointe propre et disques nettoyés réduisent la distorsion, le bruit et l’usure. Les MM autorisent des remplacements de stylus (évolutivité). Les MC nécessitent retip/échange chez un spécialiste en fin de vie. L’entretien conditionne directement la finesse du haut du spectre et la stabilité du suivi.
HOMC (High-Output MC)
Cellule MC à niveau de sortie relevé (≈ 1,5–2,5 mV), utilisable sur entrée MM. Elle conserve une partie de la vivacité MC sans exiger un gain MC élevé. Compromis intéressant quand on veut la vitesse d’une MC sans complexifier tout l’écosystème.
Sommation pratique : appariement et réglages
Un système phono performant naît de trois accords : mécanique (compliance ↔ masse du bras, VTF, VTA/SRA, azimut), électrique (capacitance pour MM, charge résistive/SUT pour MC) et environnemental (bruit, masse, blindage). MM tend vers la chaleur maîtrisée et la tolérance, MC vers la transparence rapide et la profondeur — mais les réglages peuvent rapprocher considérablement les deux mondes.
Christian Lafleur | Chroniqueur spécialiste Audio/Vidéo
« Passionné de musique et de haute-fidélité depuis plus de 20 ans, j’ai accompagné de nombreux mélomanes dans le choix de leurs systèmes audio. Avant de me joindre à l’équipe de Laliberté Électronique en juin 2025, j’ai occupé les fonctions de concepteur-rédacteur et chroniqueur en audio/vidéo de 1990 à 2002, puis de conseiller haute-fidélité et directeur des ventes & marketing chez Audiolight de 2002 à 2025. Aujourd’hui, à travers mes blogues, je mets à profit mon expérience et ma passion pour partager mes découvertes, conseiller et inspirer tous ceux qui souhaitent vivre une expérience d’écoute unique. »
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